• Chapitre 5

    Chapitre 5

     

    Chapitre 5 : Plus collant, tu meurs...



     

    Ce jour-là, lorsque Jess ouvrit les yeux, il faisait encore nuit. La jeune fille devina qu'il devait être à peu près cinq heures du matin étant donné qu'elle s'était endormie vers deux heures. Trois heures de sommeil en une nuit. Génial. L'adolescente savait déjà que ses yeux seraient marqués de larges cernes noirs le lendemain. Enfin, le lendemain qui était en réalité dans quelques heures. Mais Jess avait tout de même l'impression d'être hier. Toutes ces émotions qui l'avaient envahie lorsqu'elle avait découvert le sinistre passé de Jacob, et toutes les émotions qu'elle avait vues passer sur le visage de Margaux étaient encore en elle.  

    Oui, la Margaux qui n'avait jamais l'air affecté par quoi que soit, la Margaux qui restait toujours de marbre quelle que soit la situation. Cette Margaux avait alors ressemblé à une flûte de cristal au bord d'un immense gouffre. Prête à se briser au moindre geste brusque. Il n'y avait eu qu'une seule et unique fois où Jess avait son amie dans cet état, et elle préférait ne pas y repenser tant ce jour avait été étrange. Dans le mauvais sens du terme bien sûr. En un sens c'était ce qui les avait rapprochées mais cela avait tout de même été bien triste.
    Ce fut à cet instant précis que Jess fut sortie de ses pensées par un bruit provenant de la cuisine. En entendant ces bruits, sa gorge se serra. Elle savait parfaitement ce qui se passait. Alors, s'armant de son plus beau sourire malgré les larmes qui menaçaient de passer le fine barrière de ses cils, la jeune fille sortit de sa chambre et partit en direction de la grande cuisine de la maison, pour y découvrir sa mère, des cachets et un verre d'eau à la main. Évidemment. C'était comme à chaque fois. Aussi, même lorsque la femme aperçut sa fille entrer dans la pièce, elle n'interrompit son geste qu'un millième de secondes, avant de le reprendre. Encore quelques secondes, et le cachet serait entré dans son organisme, comme tant d'autres gélules auparavant. Mais Jess s'avança d'un geste rapide et prit les pilules dans sa main.
    -" Maman, dit-elle avec le sourire, il faudrait vraiment que tu songes à arrêter de te droguer comme ça. Ce n'est pas parce que tu ne te sens pas bien dans ta vie que tu as besoin de prendre ça. Je suis là, et papa aussi. Alors penses-y."
    Et sans que sa génitrice ait pu faire autre chose que lui jeter un regard vitreux, Jess sortit de la cuisine et retourna dans sa chambre, jetant au passage les quatre cachets dérobés à sa mère dans la cheminée, au milieu des cendres noires et froides, là où personne ne pourrait les retrouver. Et la jeune fille se laisser happer à nouveau dans le tourbillon noir et épais du sommeil qu'elle venait de quitter quelques minutes plus tôt.

    Margaux sentit quelque chose de doux lui caresser la joue, comme un rayon de soleil. C'était tiède et réconfortant. La jeune fille soupira de bonheur en songeant que c'était bien la première fois de sa vie qu'on la réveillait si agréablement. Elle ouvrit doucement les yeux, une forte sensation de bien être l'emplissant de la tête aux pieds. Sensation qui disparut instantanément lorsqu'elle découvrit ce qui lui caressait la joue. Enfin, plutôt qui lui caressait la joue. Paul. Encore et toujours ce crétin de Paul. Et pourquoi était-il entré dans sa chambre ? Et surtout comment ? La fenêtre était fermée, ce qui signifiait que le jeune homme avait pénétré dans sa demeure par la porte, et donc que quelqu'un l'avait laissé rentrer. Une seule personne était capable d'une telle infamie dans le cercle familial de Margaux. Merci Jonas.
    -" Bonjour ma marguerite, lui dit Paul d'une voix niaise. Tu as bien dormi ? J'ai dû obséder tes pensées, comme chaque nuit...
    - Bien sûr Paul, je rêve de toi chaque nuit, tu le sais bien, lui répondit l'adolescente sur le même ton.
    - Ah bon ? s'étonna naïvement le garçon.
    - Oui, chaque nuit je rêve que tu disparais mystérieusement de la surface de la Terre, mais tu sais quoi ? À chaque fois tu es encore là, c'est bien dommage, railla-t-elle. Bon, tu peux m'expliquer ce que tu fais chez moi sans mon autorisation dès sept heures du matin alors qu'en plus on a cours ?
    - Je voulais être tout contre toi dès le matin ma violette, et ton frère m'a laissé entrer. Il m'a demandé si j'étais "le crétin d'hier soir", et c'est curieux mais j'ai tout de suite que c'était moi, je ne sais pas pourquoi. Une intuition sûrement.
    Voilà, le pressentiment de Margaux s'était confirmé. Les deux garçons qui l'agaçaient le plus s'étaient alliés pour l'énerver encore un peu plus. Et le pire dans tout ça, c'était que Paul lui donnait des noms de fleurs. Cela lui donnait littéralement envie de vomir.
    - Alors, premièrement Paul, commença la jeune femme en sortant péniblement de son lit, tu vas arrêter de m'appeler ma marguerite et ma violette sinon je t'en colle une, et deuxièmement tu vas devoir sortir de ma chambre parce qu'il faut que je m'habille. Oh, et ne reviens jamais ici, c'est compris ?
    - Oh, c'est dommage, j'aurais bien voulu te voir t'habiller, je suis sûr que c'est un spectacle très divertissant, répliqua le jeune homme. Mais puisque c'est là ta volonté ma princesse, je m'en vais.
    Margaux soupira de soulagement alors que Paul allait franchir la porte, mais ce dernier s'arrêta subitement et lança :
    - Et j'ai oublié de te dire que la marque d'oreiller sur la joue, c'est super sexy ..."
    Et il sortit de la pièce en ricanant.
    Lorsqu'elle fut bien sûre que le parasite était parti, Margaux se frotta furieusement les joues en grommelant.
    -" Plus collant, tu meurs !"
    Puis elle entreprit de s'habiller. Mais lorsqu'elle eut ôté son bas de pyjama, une douleur à la tête la lança violemment. La jeune fille se sentit tomber et tenta en vain de s'accrocher à quelque chose pour ne pas s'écraser sur le sol. Mais elle ne sentit rien. Aucun choc. Tout fut noir avant même qu'elle ne sente le parquet de sa chambre contre sa peau...

     


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