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Par MissWrites le 26 Février 2015 à 11:53
Elle marche, seule. Lentement, elle met un pied devant l’autre, avance sans vraiment savoir où elle va. Mais quand bien même, elle y va. Dans cette rue bondée où personne ne semble vraiment la voir, elle laisse ses pas la guider vers un endroit qu’elle espère meilleur. Une terre où elle pourrait enfin trouver un peu de paix et de bonheur. Car son cœur étouffe dans ce monde si cruel où les gens se regardent sans se voir, où tout est faux et contrefait. Elle cherche simplement un peu de vérité, un mince espoir qui lui permettrait encore d’avancer.
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Par MissWrites le 24 Février 2015 à 19:23
Elle se sent délaissée, la petite poupée, au fond de ce grand placard. Cela fait si longtemps qu'elle est enfermée ici... elle en a perdu la notion du temps. Sa jolie robe, si rouge autrefois, n'a fait que perdre de son éclat, comme un coquelicot qui se fanerait car plus aucun rayon de soleil ne daigne venir l'éclairer. Ses longs cheveux bruns ressemblent désormais à des fils de tissus emmêlés, et les magnifiques boucles qui, autrefois, encadraient son visage, se sont détruites, comme alourdies par le poids de tout ce temps passé dans un noir irréel. Ses grands yeux bleus pétillaient jadis de bonheur, mais aujourd'hui, ils sont comme recouverts par un immense voile de tristesse. Ils aimaient tant regarder le soleil, ses jolis petits yeux. Mais cela fait une éternité qu'ils n'en ont pas eu le privilège.
Bien sûr, elle sourit toujours, la jolie petite poupée. Mais son sourire sonne faux. Comme un vieux piano si usé qu'il ne pourrait plus jouer qu'une note sur deux. En surface, elle semble heureuse, mais au fond, son petit coeur de chiffon est déchiré par la solitude. Sa peau si lisse il y a des années, s'est écaillée. Elle est rugueuse, désormais. Ses pommettes ne sont plus rosies par le bonheur d'entendre les rires des enfants autour d'elle. D'ailleurs, cela fait si longtemps qu'elle n'a pas vu un enfant qu'elle ne sait même plus à quoi cela ressemble. Les rires qu'elle connaissait autrefois par coeur ne sont plus aujourd'hui qu'un mince écho qui se perd dans tout ce noir qui l'entoure. Elle a déjà oublié la couleur d'un rayon de soleil, et la sensation des mains d'enfants sur son mince corps fragile. Peu à peu, sa mémoire se vide pour laisser place à un immense noir qui, elle en est sure, finira par faire mourir son petit coeur de chiffon.
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Par MissWrites le 23 Février 2015 à 16:28
Quinze printemps, et déjà l'envie d'un hiver éternel. Ainsi est sa vie. Un schéma qui se répète sans cesse et qu'elle subit. "Dépression", lui disent les médecins. Voilà un mot bien court pour résumer toute cette douleur qu'elle endure chaque jour, tout ce que la vie ne lui offre que pour le lui reprendre une fois qu'elle s'y est attaché. S'en sortir ...? Elle ne sait plus ce que cela veut dire. Comment s'y prendre ? Sa vie n'est qu'une eau noire et glacée qui remplit son être jusqu'à la noyer. Elle sent le niveau de l'eau qui monte, qui monte en elle. Elle finira étouffée.
"Hôpital", voilà l'échappatoire qu'on lui propose. Elle ne sait même plus quoi en penser. Là-bas ou ici, après tout, qu'est-ce que cela change ? Au final, la fin sera la même : l'hiver au bout du tunnel. Alors elle se laisse conduire jusqu'à ce paradis immaculé dans lequel elle est coupée du monde. Plus personne pour la juger, plus personne pour se demander ce qu'elle fait ici, avec ses yeux pâles et son corps si maigre. Ici, elle est seule, seule à l'automne de sa vie. Et au rythme de ses pleurs, les feuilles vermeilles tombent, piétinées en un crissement qui lui semble bien trop lointain...
Pourtant une personne est là, dans le lit d'à côté. Elle aussi a les yeux pâles comme un ciel d'été sous les premiers rayons du soleil naissant à l'horizon. Elle aussi semble si maigre que son corps menace de se briser à chaque mouvement. Mais pourtant, elle sourit. "Mucoviscidose", voilà ce à quoi se résume sa vie. Et elle ne l'a pas choisi. Croquer la vie avant que l'hiver ne vienne en geler le fruit , voilà ce à quoi elle se raccroche pour partir sereinement. Mais, comment peut-elle encore sourire alors que le froid se rapproche inexorablement du bout de ses lèvres ? Comment peut-elle encore aimer la vie après toutes les épreuves qu'elle lui a fait subir ? " Il y a toujours pire que soi ", voilà ce qu'elle lui dit avec un grand sourire. Mais ses yeux pâlissent, son corps se brise. Elle s'en va rejoindre l'hiver. Et un jour, le lit est vide.
Avec quinze printemps, pourquoi avoir envie d'un hiver éternel alors que l'on peut se laisser porter pas la douceur de l'été ?
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Par MissWrites le 22 Février 2015 à 15:41
Mes yeux se rougissent et je sens alors qu'elle tente de se glisser hors de moi. Peut-être a-t-elle soif de liberté. Peut-être mes pupilles sont-elles pour elle comme une geôle dont mes cils sont les barreaux. Et ainsi, ma tristesse est la clef qui pour ouvrir la porte qui se dresse entre elle et cette liberté ô convoitée. Alors, comme un gardien imprudent, je baisse les armes, la laisse s'évader. Je clos les yeux et, lorsque je les rouvre, elle est dehors. A l'instant où elle quitte sa terre natale, un vide béant se creuse en mon coeur, et un flot de prisonniers assoiffés de nouveaux paysages se glisse hors de mon corps. Elle, pionnière du mouvement qu'elle a fondé, continue sa route, en tête. Je la sens rouler sur ma joue de plus en plus vite, comme si elle avait peur que je ne balaie sa fuite d'un revers de main. Mais quelque part, j'aime la sentir couler ainsi sur ma pommette, comme si elle emportait avec elle une infime part de mon mal-être. Plus elle s'éloigne de sa cellule, plus mon coeur se sent apaisé. La trainée humide qu'elle laisse derrière elle est la preuve de son passage d'un monde à un autre, et la marque que le voile qui recouvrait mes yeux se déchire peu à peu.
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